Bonjour Alexandra, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Alexandra Fauchet, j’ai 28ans, je suis née à Roanne mais j’ai passé toute mon enfance jusqu’à la fin de mes études à Toulouse et après j’ai du déménager pour faire le métier de groom.
Quelle est votre plus grande fierté ? Et au contraire, votre plus grande déception ?
Ma plus grande fierté est d’avoir eu le mental et fait certains bons choix au bon moment ce qui m’a permis d’en arriver là. J’ai coché pas mal de cases des objectifs que je m’étais fixés dans ma carrière de groom donc j’en suis ravie. Sportivement, c’est d’avoir remporté avec mes cavaliers un 5 étoiles en complet et un Grand Prix 5 étoiles en CSO. Ma plus grande déception est de ne pas avoir eu l’opportunité de sortir en concours sur des épreuves un peu plus importantes en CSO ou complet, mais je le ferais quand j’aurais le temps et raccroché ma casquette de groom.
Pouvez-vous nous raconter votre évolution équestre, de tout petite à aujourd'hui ?
J’ai commencé l’équitation grâce à mon institutrice de maternelle qui nous a fait faire un trimestre de poney avec l’école. Elle nous emmenait au poney club de Vigoulet, l’endroit où je suis restée pendant 8 ans et là où j’ai tout appris. Durant ces 8 ans le propriétaire a changé, Patrice Ramos a été un vrai déclencheur, m’a donné la gnaque, le mental et l’esprit de compétition. Il m’a permis de rentrer Gwendolen Fer, cavalière de 5* de concours complet. J’allais aider régulièrement et c’est ce qui m’a clairement formée au métier de groom. J’ai pu monter des jeunes chevaux. J’ai continué mes études après le bac en gardant des week-ends et vacances scolaires pour aller groomer et prendre de l’expérience. Après mes études je suis allée travailler chez Gwendolen, où nous avons pu gagner notre premier 5 étoiles en concours complet ensemble à Pau. Après je me suis mise en free-lance où la famille Sadran m’a permis de commencer les 5 étoiles en saut d’obstacle. Je suis ensuite allée en Normandie faire du freelance (cavalière, groom maison et concours) j’ai même travaillé dans le pré-entraînement de courses quand les concours ont été arrêtés, à cause de la rhinopneumonie. Pour finir Olivier Robert m’a démarchée après m’avoir rencontrée sur un concours, et voilà maintenant 4ans que je travaille pour lui.
Vous êtes depuis de nombreuses années chez Olivier Robert, quels sont les chevaux qui vous ont le plus marquée ?
Vangog m’a marqué, c’est le cheval qui m’a amené à commencer à faire le tour du monde, gagner un Grand Prix 5 étoiles... Careca LS Elite ( passé sous la selle de Jérome Guéry en fin d’année 2023, ndlr) est le cheval avec qui j’ai eu le plus de lien dans ma vie (suivi par Romantic Love, le cheval de Gwendolen Fer). On a une complicité que je n’avais jamais eue et que j’aurais du mal à retrouver avec un autre cheval je pense.
Le Mag’Equestre vous invite à la découverte du métier de groom. Nous avons réussis à pouvoir interviewer une des grooms françaises suivant un cavalier qui était en lice pour Paris 2024. Nous vous laissons donc en savoir plus sur Alexandra Fauchet, groom d’Olivier Robert.
Bonne Lecture !
Quel cheval de haut niveau avez vous le plus aimé en selle ?
Je crois que c’est Heltic, il a du sang mais est très agréable, aérien. Je le monte sur le plat, j’ai l’impression d’être une très bonne cavalière. Je montais beaucoup Careca mais il restait atypique et pas très facile pour certaines choses.


© MARCO VILLANTI
Nous avons constaté que outre votre métier de groom, vous vendiez des chevaux, une reconversion en tant que cavalière professionnelle est-elle possible ?
Effectivement, je fais un peu de commerce à côté, ça m’amuse beaucoup, pour l’instant c’est une passion. J’arrive assez bien à trouver des chevaux qui correspondent à tel ou tel type de cavaliers. Depuis que j’ai 18-19ans j’ai toujours dit que le jour où j’arrêterais de "groomer" je ferais du commerce, chose que je garde encore dans un coin de ma tête.
Nous avons remarqué qu’un grand nombre de grooms changent de métier, pourquoi ?
Ce métier est extraordinaire! Il a néanmoins beaucoup de contraintes (heures travaillées par semaine, nuit blanche sur la route, travail physique, l’enchaînement des concours…) qui ne nous permettent pas d’avoir une vie de famille à côté. Les conditions restent quand même dures. La plupart des grooms de 5 étoiles ont arrêté quand ils ont eu l’impression d’avoir trouvé la bonne personne pour partager leur vie ou construire une famille, certains se sont complètement reconvertis, d’autres ont juste diminué ou changé de métier en restant dans la filière équestre.
Comment améliorer la reconnaissance envers vous, grooms mais aussi personnel d’écurie ?
Pour commencer, il y a les choses simples comme le savoir vivre: "bonjour", "au revoir" et "merci", avoir un nombre cohérent d’employés en fonction du nombre de chevaux. Le respect, les jours de repos et le salaire, malheureusement ce n’existe pas partout!J’ai fait des choix stratégiques cet hiver afin de me libérer du temps pour monter mes chevaux de très haut niveau.
Quel est le concours qui a pour vous la meilleure organisation, la meilleure reconnaissance envers les grooms ?
Je crois que le concours qui a le plus de reconnaissance envers les grooms et auquel j’ai participé, c’est celui d’Ocala pour la Ligue des Nations Longines. Nous étions seuls dans les chambres, nous avions une possibilité de manger du sucré ou du salé à volonté et 24h sur 24, des boissons chaudes et froides, un kit de bienvenue à l’arrivée, une voiture de golf pour 2 afin de nous permettre de nous déplacer en autonomie sur tout le concours. Tout était sincèrement très bien pensé Je n’ai pas participé à Genève, mais le fait qu’une enveloppe d’argent soit donnée aux grooms à la remise des prix du Top Ten est a relever. Dans le monde des courses tout le personnel du cheval touche un pourcentage des gains, en CSO certains le font mais cela reste très rare et c’est bien dommage...

