Elevage du Cèdre - Sylvain Pitois

Bonjour Sylvain, tout d’abord, merci d’avoir accepté notre interview. Nous allons commencer par découvrir ce qui vous a amené à devenir éleveur, comment avez vous choisi votre secteur ( sport, loisir, race, …) ?

Bonjour, c’est un plaisir de vous répondre.

Pendant toute mon enfance, j'ai toujours été passionné par les animaux et j’en ai élevé de toutes sortes. Puis après mon BAC Scientifique j'ai hésité à m'installer directement comme éleveur équin, mes parents n'y étaient pas opposés. Mais sur le conseil de mon entourage, n'ayant pas de difficultés scolaires j'ai préféré continuer mes études pour avoir un autre débouché et exercer ma passion sans pression financière.
Pendant mes études j'ai eu la chance de rencontrer ma femme Perrine CATELINE qui, comme moi, pratiquait le CSO [ saut d’obstacle ]. C'est donc naturellement que nous avons acheté nos premières pouliches orientées pour produire des poulains de CSO dès que nous avons commencé à travailler.

Comment choisissez vous les étalons, les poulinières ? Préférez-vous opter pour des jeunes ?

J’évalue toutes mes juments au saut en liberté à 2 ou 3 ans afin de voir leurs qualités et leurs défauts, avant de commencer la reproduction. Dans le choix de l’étalon, je cherche à gommer les défauts sans perdre les qualités de la jument.
Quand on connaît les souches des poulinières, on sait que certaines produisent toujours avec du sang. Nous pouvons donc nous permettre d'utiliser des étalons un peu "massifs" alors qu'avec d'autres c'est le contraire.
Je pense que le pire défaut d'un cheval, c'est de manquer de sang.

J'aime beaucoup utiliser des étalons de 10 à 15 ans qui tournent dans le haut niveau et qui ont déjà quelques jeunes produits sous la selle. Économiquement, la saillie est souvent plus chère. Mais cela permet de moins se tromper sur le choix du croisement et ainsi de gagner du temps.

Quels sont les chevaux que vous avez faits naître dont vous êtes les plus fiers ?

Parmi les chevaux que nous avons fait naître, il y a bien-sûr Dubaï du Cèdre, notre plus grande fierté. Une autre jument est également dans notre cœur. Elle est la première naissance de l’élevage: Ushuaïa du Cèdre. Nous l'avons débourrée, Perrine l'a débutée en compétition puis nous l'avons vendue à 4 ans. Elle a été ensuite Championne de France Amateur Élite sous la selle de Enora Couturier!
Puis il y a plusieurs chevaux comme Estoril du Cèdre et bien d'autres encore qui, à 3 ans, présentaient autant de qualités que Dubaï mais leur histoire les a conduits chez de jeunes cavaliers avec lesquels ils se font plaisir mutuellement.
Dans les nouvelles générations, il est difficile de ne pas citer Joli Cœur du Cèdre qui avait fait sensation au concours étalon à Lamballe et qui commence à très bien évoluer sous la selle de Manon Geismar.

Avec votre expérience et vos choix, quels sont les croisements maintenant ou auparavant que vous avez le plus apprécié ?

Il y a quelques années, le croisement de la lignée mâle Le tôt de Semilly avec la lignée mâle Galoubet A, était très performant. Le croisement Clinton par Heartbreaker aussi.
Aujourd'hui j'apprécie beaucoup le croisement de Comme il faut ou Cornet Obolensky avec Diamant.

Le Mag’Equestre vous emmène à la découverte du milieu méconnu de l’élevage où vous pourrez faire la connaissance de plusieurs intervenants. Aujourd’hui, nous vous présentons une interview de Sylvain Pitois. Il est l’heureux propriétaire de Dubaï du Cèdre, présente sur la courte liste en vue des Jeux de Paris ainsi qu’un éleveur redoutable. Maintenant, place à l’interview !

Quels sont les conseils que vous donneriez à un jeune qui se lance dans l’élevage ?
Chacun à son histoire, des convictions, des objectifs différents.
Le plus important est d'être observateur et de ne pas avoir une vision à trop court terme. En matière d'élevage, la patience semble être la meilleure des vertus.

Championnat D'Europe Sénior à Milan qu'il y avait du 29 août au 3 septembre 2023/Saut d'Obstacle

Julien Epaillard et Dubai du Cèdre

© FFE / PSV

Championnat D'Europe Sénior à Milan qu'il y avait du 29 août au 3 septembre 2023/Saut d'Obstacle

Julien Epaillard et Dubai du Cèdre

© FFE / PSV

Quand vous avez commencé dans ce secteur, quel était votre ambition ?

Lorsque nous avons débuté, Equidia Life rediffusait les Grands Prix du week-end le dimanche soir. Notre ambition était d’y voir un jour l'un de nos chevaux.

Pensez-vous que le bien-être équin et l’éthologie sont assez démocratisés dans le milieu de l’élevage ?
Je n'ai pas une vision assez globale du milieu et c'est difficile de savoir ce que chacun fait chez soi.

Concernant les conditions de logement des chevaux, beaucoup d'écuries ne correspondent pas encore aux tendances actuelles de bien-être animal mais ça semble évoluer dans le bon sens. En tous les cas je l’espère.

Concernant les "harnachements" des chevaux, il est très difficile de trouver un équilibre entre sécurité du couple, performance et respect du cheval. Tout "Homme de cheval" sait qu'un Pelham dans une main de velours sera moins nocif qu'un mors simple dans une main peu experte.
Pour moi il est très difficile d'établir des règles justes pour tout le monde. L'animaliste considérera que le simple fait de mettre un licol à un cheval n'est pas normal. Alors que le plus cruel considérera qu'il est normal de sanctionner fortement un cheval qui ne corrige pas les fautes de son cavalier.
C'est un débat sans fin.

À propos de l'éthologie, nous l'utilisons depuis maintenant plus de 10 ans pour tous les débourrages et aussi lorsque nos cavaliers rencontrent des difficultés avec un cheval. Ces méthodes sont devenues un outil indispensable pour la sécurité de tous au quotidien.

Nous vous remercions pour cette formidable intervention. Grâce à celle ci nous sommes sûrs que de nouvelles personnes s’intéresseront davantage à l’élevage.

Pour vous, comment cela fait-il que le prix des chevaux ait augmenté ?

Il y a d'abord un phénomène de société, tout a augmenté. Il a juste évolué proportionnellement au coût de la vie. Concernant les chevaux d'élevage de 0 à 3 ans, je ne trouve pas que leur prix ait beaucoup évolué depuis 15ans.
Pour les chevaux plus âgés, je ne suis pas spécialiste du domaine mais ça semble différent : La filière "sport" s'est beaucoup professionnalisée induisant une obligation pour les cavaliers de gagner leur vie et donc de vendre leurs chevaux ou proposer leurs services à des prix plus élevés.